L'imagination comme terre d'asile, la créativité en terre d'argile...
Qui suis-je?
" Je souris à la vie, je veux du bonheur et exposer mes créations. La créativité m'allège."
Toutes mes créations ont en commun les questionnements du regard, du jugement, de l'image renvoyée et de l'image reçue.
Je souffre d'une maladie responsable d'un handicap invisible. Et plus encore du regard des gens, de leurs jugements souvent hâtifs qui me renvoient au handicap. Car de mon coté, je ne m'en pose pas la question. Je ne me lève pas le matin en me disant que tous les gestes sont compliqués à accomplir. Je les réalise à ma façon.
Ce que j'exècre le plus, après ces gens dans les transports pour qui la carte d'invalidité ne suffit pas à me céder la place, ce sont ces gens qui se sentent le besoin de faire une rapide révision de ma personne et qui me disent "tu as l'air en forme aujourd'hui". Qu'en savent ils? Que répondre? Cherchent ils à se rassurer? ou à ce que je m'ouvre sur d'indicibles douleurs?
Projet créatif
Le corps est mon sujet. L'anamorphose harmonieuse est ma recherche. Mes modelages prennent généralement leur origine dans mes douleurs. Je les transforme ainsi en un objet, correct et harmonieux. L'esthétique n'est qu'accidentelle, car elle n'est pas ma recherche. Je recherche le juste, une façon de transgresser la loi de la biomécanique pour offrir au regard des choses harmonieuses, quelle que soit l'angle de vue.
Je ne cherche pas le beau, je cherche l'harmonie.
C'est ma vision de mon corps dysfonctionnel mais harmonieux. Je me sens invisible puisqu'une grande partie de moi, qui constitue une grande partie de moi, l'est.
Puisque le jugement de l'autre l'induit en erreur, je veux le questionner.
Mes créations sont-elles des œuvres? Quand on est dans un musée ou dans une galerie, on voit des œuvres, Car, telle est l'offre du lieu; exposer des œuvres. Mes créations en sont-elles?
Encore une question de regard et de jugement de l'autre. L'autre, c'est vous. Vous jugez une œuvre car elle est dans un musée, auriez-vous eu le même jugement hors du musée?
J'estime que mes créations doivent faire réfléchir à ce pouvoir que nous nous attribuons de juger. A faire prendre conscience de notre mauvaise habitude de juger.
Rencontrer une œuvre, c'est comme rencontrer une personne. Comment nous abstraire de nos préjugés?
Bio
Le handicap, la maladie font partie de moi, sans me définir pour autant.
Enfant, je passais plus de temps à dessiner qu'à jouer à la poupée.
Je suis touche à tout depuis toujours. Intuitive. J'aime les mots, mais l'art me permet d'accéder à d'autres parties de moi-même. Mes doigts sont venus trouver le confort soyeux de la terre dans mon adolescence.
Plus tard, lorsque que j'ai fait mes premiers voyages dans le monde merveilleux des opiacés, guidée par mes paysages réalisés au pastel sec et gras. Ces tableaux me ramenaient à une réalité qui mêlait mes souvenirs de voyages passés et mes rêves de voyages à venir. J'y trouvais un réel apaisement. Ces tableaux ont disparu.
Trop longtemps, j'ai détruit ou abandonné des créations. Puis, un jour, je suis retombée sur quelque chose que j'avais réalisé. Ne m'y reconnaissant pas, et je restais admirative. Je me questionnai toutefois sur ce talent qui restait inexploité.
Une nouvelle période de trouble a fait resurgir ce besoin de créer. Je m'émerveille chaque jour et trouve maintes inspirations.
Je crée avant tout pour me faire du bien.
